Je ne veux plus aller au théâtre, dit le ministre de la culture à Gérard Dèmos. La dernière pièce que j'ai vue m'a traumatisé, je crois que je ne comprends rien au théâtre contemporain. La pièce s'appelait Partie de bowling. Le premier acte, intéressant; quatre amis s'apprêtent à commencer une partie de bowling, ils éprouvent les plus grandes peines à trouver les bonnes chaussures, ils rient les uns des autres de leur allure, des tensions se créent au sein du groupe. Je m'attendais à une pièce contemporaine mais avec des ressorts classiques comme on en fait rarement aujourd'hui. Evidemment, je me trompais. Ce que j'ai vu, Gérard, est indigne. Doit-on encore financer cela? Au deuxième acte... Je n'y avais pas pensé en voyant le décor, c'était pourtant flagrant. S'il y avait quatre personnages qui voulaient jouer au bowling, il fallait nécessairement des quilles. Nous étions les quilles, Gérard, nous, le public. Pendant deux heures, les personnages se disputaient et riaient, et lançaient négligemment les boules sur le public. Les gens peu à peu sortaient la salle. A mon tour, je me suis levé de mon siège, je suis allé chercher mon manteau. Nous étions quelques uns au bar à boire un verre de vin - je devais rester jusqu'à la fin de la pièce pour féliciter le metteur en scène d'employer l'argent public avec tant d'imagination. Quand la dernière personne a quitté la salle et qu'il est arrivé au bar, elle avait des bleus partout, on a entendu les quatre personnages crier spare!
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