samedi 31 décembre 2016

304

Qu'une année ne s'achève pas par un dimanche et que la suivante ne commence pas par un lundi, voilà qui n'augure rien de bon. On me dira que ces petits décalages sont négligeables à l'échelle de l'Univers. Et pourtant, c'est précisément à cause de telles négligences que nous sommes, aujourd'hui encore, coincés au XXIe siècle alors que tout commença il y a 13,7 milliards d'années.

jeudi 29 décembre 2016

dimanche 25 décembre 2016

vendredi 23 décembre 2016

301

Mais comme le mensonge est une autre caractéristique saillante de ma personne, je n'étais pas sérieux quand j'annonçais hier l'interruption de ce blog. Je vais continuer, croyez-moi.

jeudi 22 décembre 2016

300

La Terre est ronde: je crois l'avoir prouvé, me retrouvant propulsé chaque matin ici sous l'effet d'une rotation journalière, inlassablement au même endroit pour dire inlassablement la même chose: la Terre est ronde.

*

300 jours passés, repassés, délavés. Il est temps pour moi de me retirer ailleurs. On m'a parlé d'une réalité où T A B L E n'est pas qu'un mot mais un objet avec un pied et un plateau ressemblant vaguement à un T, ou alors faite de tréteaux en forme de A, une chose contre laquelle se cogner, l'ongle du gros orteil perdant ainsi son allure de D pour prendre tout à coup celle d'un B bleui, table qu'on retourne dans un accès de colère, ne sachant plus très bien dès lors si ces planches en L dispersées dans les différents coins de la cuisine ont un jour correspondu à l'idée que l'on peut se faire d'une table stable 


Ici donc s'interrompt ce qui pourtant chaque jour recommence

mercredi 21 décembre 2016

299

À l'heure de tirer le bilan, je crois pouvoir affirmer non sans rougir que mon entreprise autobiographique est un franc succès. Je suis parvenu à ne jamais parler de moi, révélant ainsi une caractéristique saillante de ma personne.

mardi 20 décembre 2016

298

J'apprends à l'instant qu'Einstein aurait trouvé une explication satisfaisante au paradoxe des feuilles de thé. J'apprends également qu'il existe un paradoxe des feuilles de thé. Cela nous renseigne sur la qualité de nos médias: 90 ans que ce paradoxe est résolu et nous n'en savons rien! Et pendant 90 ans j'ai regardé mes feuilles de thé tourner en rond dans ma tasse sans me rendre compte qu'on pouvait ainsi expliquer l'érosion des berges.

lundi 19 décembre 2016

297

Il devait parler en public ce jour-là; il avait une extinction de voix. On lui donna un micro pour qu'il y hurle son silence.

jeudi 15 décembre 2016

296

Aujourd'hui encore, en décembre 2016, enveloppés dans le brouillard; après tout ce temps aurions-nous encore tant de choses à nous cacher?

mercredi 14 décembre 2016

295

N'ayant rien à proposer aujourd'hui, je ne peux que vous encourager à relire ce qui précède

*

Vous voilà ici, c'est à désespérer, vous ne me faites pas confiance.

*

Mais comme je ne vous fais pas confiance - je n'avais pas confiance dans le fait que vous me feriez confiance -, voici tout de même une petite histoire écrite juste pour vous, parce qu'on ne peut pas continuer plus longtemps cette moquerie à l'égard du lecteur, qui attend, qui attend? vous attendez, que m'a-t-il pris de parler de vous à la troisième personne, faisant de vous un personnage de mon récit, comme si je n'étais pas déjà assez insolent, moi qui vous ai mené jusqu'ici en bateau - oui, nous sommes en mer! -, par le bout du nez (devrais-je grouper ces deux métaphores pour n'en faire qu'une), vous tirez par le nez du bateau, si je ne m'abuse cette métaphore existe, autant l'employer, mais que vois-je, déjà la côte? un début de récif? j'abandonne, cesse d'écrire, pose la plume, jette l'ancre, fin du récit.

mardi 13 décembre 2016

294

Comme il n'y avait nul médecin pour constater mon décès, et que mon biographe jugea bon de ne pas l'écrire noir sur blanc faisant naïvement confiance à l'imagination du lecteur pour m'achever, j'en profitai pour continuer ma petite vie tranquille.

lundi 12 décembre 2016

293

Quelle déception, ce miroir! À peine ai-je le dos tourné, à peine mes yeux se ferment, à peine la lumière s'éteint qu'il ne répond plus.

jeudi 8 décembre 2016

292

Des coïncidences de l'écriture comme on les aime: il ne restait au biographe qu'une cartouche et au personnage quelques instants à vivre.

mercredi 7 décembre 2016

291

Le voilà qui s'est absenté. Mon biographe s'est absenté. Vous ne saurez donc rien me concernant.

mardi 6 décembre 2016

290

C'est pourtant poliment que chaque matin je demande à mon miroir de quoi j'ai l'air. Et lui, se croyant plus intelligent, se sachant réfléchi, ne peut s'empêcher de répondre  en m'agressant d'images, de figures, de métaphores, d'hyperboles: des yeux de merlan frit, des rides creusés par un soc, un regard tiède, des espaces suffisamment grands entre les dents pour en ajouter d'autres, cou coupé sans soleil...

lundi 5 décembre 2016

289

Le prétentieux dit: - Tu trouves ta vie ennuyeuse, terne, insipide, sans éclat, morne, monotone? Attends donc que je te fictionnalise.

vendredi 2 décembre 2016

288

Pour maigrir, je suis un régime alimentaire particulier. Je ne mange plus ni barres de chocolat, ni fromage fondu, j'en ai fini avec les pâtes, fini avec les lasagnes, je me prive de tous ces plats délicieux à la crème fraîche, chantilly de foie gras, escalope de dinde forestière, clafoutis aux cerises, Szarlotka, vous ne trouverez rien dans mes selles qui fut de la viande, rien d'alcoolisé dans mon sang, fini le vin, fini la bière, stop le whisky - mon frère ne me parle plus -, quant aux chips, quant aux frites, quant aux ribs, mon régime me l'interdit, pas de focaccia, pas de pizza, nul risotto, pesto, arrabiata, carbonara trois fois non, je rêve de steaks, de saucisses, de choucroute, de choux et de croute au fromage, aux champignons, de croûtons, de thons, de ton dessert au chocolat maman, de tes steaks papa, pappa al pomodoro, papet poireaux

Tout cela m'est refusé, pour ma silhouette, ma ligne, si fine maintenant dans le miroir qui paraît plus grand: le monde bientôt entier s'y reflétera. Je maigris, je m'affine, je m'allège mais mon autobiographie, elle, paradoxalement, bizarrement, de quelques lignes, de quelques pages, comme un mille-feuille, encore s'alourdit.

jeudi 1 décembre 2016

mardi 29 novembre 2016

lundi 28 novembre 2016

285

Belle invention en effet que celle de la bise: chasser les nuages, qui serait contre? Mais à quoi bon se promener affublé d'une écharpe grise, de gants noirs, d'un informe anorak, serré par des bas thermiques, deux paires de chaussettes en laine, une cagoule alors que brille le soleil, alors que le ciel est bleu, alors que le ciel est grand?

vendredi 25 novembre 2016

284

Toute autobiographie devrait se terminer par (...) afin de laisser une place à tous les possibles. On ne sait jamais en effet ce qui peut se passer entre le moment où l'on inscrit le point final au bas de la dernière page et le moment où l'on dépose le manuscrit sur le bureau de l'éditeur: l'on peut avoir été renversé par un camion transportant des poules, tomber sur un frère inconnu surgissant de nulle part, aider une femme à accoucher dans le métro, se voir sélectionné pour une émission de télé-réalité, ou même disparaître avec la fin du monde. Tout est possible.

jeudi 24 novembre 2016

283

Je croyais en avoir fini avec mon autobiographie, persuadé d'avoir visité tous les recoins de ma petite vie, mais voilà qu'un ami physicien me parla de la théorie des univers jumeaux, des univers parallèles, du chat de Schrödinger. J'étais bon pour y ajouter le double, le triple, le centuple même.

mercredi 23 novembre 2016

282

Prenons exemple sur ce bibliothécaire, dit le critique littéraire, ce bibliothécaire capable en deux temps trois mouvements de remettre Stendhal, Sartre et Houellebecq à leur place.

mardi 22 novembre 2016

281

Se préparer un oeuf au plat est tout aussi aberrant que de considérer la Terre plate.

*

- Et qu'est-ce qui vous fait dire que Parménide, Platon et Aristote, malgré ce qu'ils ont pu dire sur la forme de la Terre, ne préféraient pas leurs oeufs plats?

lundi 21 novembre 2016

280

Mais il faut bien l'admettre, d'ailleurs nous sommes là aujourd'hui pour en témoigner, l'oeuf, l'oeuf posé là au milieu de la terre, dans des temps reculés, inaccessibles et immémoriaux, cet oeuf qui renfermait tout, il faut bien l'avouer: cet oeuf écl... comment dire, il écl... mais puisque nous sommes là, il a bien fallu, l'oeuf écl... l'oeuf éclosa-t-il? il éclosit, certes! Enfin, l'oeuf éclut. Ce passé simple nous manque.

vendredi 18 novembre 2016

279

Peut-être faudrait-il retourner la question et ne plus se demander qui de l'oeuf ou de la poule était là en premier, mais plutôt s'interroger sur ce qui, à la toute fin, restera: l'oeuf ou la poule?
Je parie sur l'oeuf.

jeudi 17 novembre 2016

278

posé là au milieu de la terre l'oeuf qui n'éclot pas

()

toutes les formes de vie coincées
et l'histoire entre parenthèses

mercredi 16 novembre 2016

277

Au moment de recevoir son trophée, le tennisman prononça un discours pour une fois original:
J'aimerais remercier mes fans sans les cris et les huées desquels mon adversaire n'aurait pas perdu son service dans les moments décisifs; j'aimerais remercier le technicien qui a réglé la hauteur du filet, idéale pour mon jeu, incompatible avec celui trop stéréotypé de mon adversaire; j'aimerais remercier la sage-femme qui fut délicate avec mes pieds au moment de ma naissance - j'en tire encore quelques bénéfices aujourd'hui; quelques mots pour toi, adversaire sur le terrain mais ami en dehors quand tu perds: tu as réalisé un tournoi formidable, tu as battu les joueurs que je n'aurais pas voulu affronter en finale, j'aimerais te remercier d'avoir joué comme tu l'as fait pendant cette finale, je n'ai pas eu à trop forcer mon talent mais j'ai tout de même pu en montrer toute l'étendue; enfin j'aimerais remercier tous ceux sans qui un tel évènement n'aurait pu voir le jour, je pense aux parents des ramasseurs de balles, je ne sais pas comment vous les avez conçus mais leur taille et leur poids sont idéals, on ne les entend pas, ils courent vite, ne prennent pas de place, les balles s'aimantent dans leurs mains, good job; j'aimerais ne pas remercier mes sponsors puisque mon adversaire qui porte les mêmes chaussures, la même raquette, les mêmes cuissettes, les mêmes chaussettes, l'a déjà fait, et je ne crois pas qu'ils soient indispensables pour que nous puissions pratiquer notre sport. Nous avons simplement besoin d'une raquette, d'une balle et de l'attraction terrestre pour que la balle, toujours, retombe reparte et retombe. Merci.

mardi 15 novembre 2016

276

L'histoire aurait pu être plus tragique, avortée avant même son commencement: il y aurait d'abord eu un oeuf, posé là au milieu de la terre, qui jamais ne se brisa, et puis plus rien. Ni poule ni poussin ni coq ni dinosaure ni coccosteus ni plesiosiro madeleyi ni homo sapiens rien rien rien, simplement un oeuf intact.

lundi 14 novembre 2016

275

Mon autobiographie commençait par cette scène où, installé à mon bureau, j'écrivais la première scène de mon autobiographie qui était une scène où l'on me voyait installé à mon bureau en train d'écrire une scène, probablement la première de mon autobiographie où justement, moi, le narrateur, je racontais comment j'écrivais cette première scène de mon autobiographie, ce texte où la première scène consistait à montrer un personnage, moi, à son bureau, le mien, en train d'écrire la première scène de son autobiographie, la mienne, qui commençait justement par une scène d'écriture à un bureau sur lequel il y avait un ordinateur ouvert, on pouvait lire sur l'écran du coin de l'oeil les premières lignes Mon autobiographie commençait par cette scène où, installé à mon bureau, j'écrivais la première scène de mon autobiographie qui était une scène où

vendredi 11 novembre 2016

274

Dans mon autobiographie, j'omis de mentionner un détail qui me coûta cher: l'ami qui m'avait sauvé la vie. C'est lui en effet qui un jour me retint par la manche tandis que je m'apprêtais à traverser la route - le feu était rouge, le camion n'aurait pu ni freiner ni m'éviter. Quand cet ami lut mon autobiographie, il remarqua son absence, m'intenta un procès qu'il remporta, m'accusant de générer des profits qui selon lui devaient lui revenir. Si l'autobiographie avait pu voir le jour c'était parce que les miens n'avaient pas eu de fin, grâce à lui, trancha le juge. J'ai maintenant une dette éternelle envers cet ami.

jeudi 10 novembre 2016

273

En fait le flamant rose ne cache rien quand il replie sa patte sous ses plumes. Ni caillou, ni poisson, ni pièce d'or. Il la réchauffe, c'est tout. Quelle déception.

mercredi 9 novembre 2016

272

Aujourd'hui donc nous savons. La nouvelle est tombée. De source sûre. Le résultat est définitif et tous nos rêves sont évaporés. C'est en effet un caillou que la flamant rose cache dans sa patte cachée sous ses plumes. Pourquoi? C'est là-dessus que nous devons maintenant réfléchir, nous avons besoin de comprendre. D'après l'un de mes amis, spécialiste, le flamant rose serait un animal qui ne dort jamais. Au moment de s'endormir, les muscles de sa patte se détendent, il lâche le caillou, le bruit le réveille. C'est à ce moment qu'il change de patte. Il détend alors la patte qui était repliée et replie la patte d'appui qui était dans l'eau; mais pourquoi tenir dans celle-ci un caillou dont le bruit produit par la chute le réveillera une fois encore?

mardi 8 novembre 2016

271

Nous allons donc enfin savoir. Depuis le temps que nous attendons, que nous nous impatientons, que nous écoutons analyses et débats à la radio, à la télévision, nous avons lu mille articles, changé autant de fois d'avis sur la question, mais aujourd'hui, c'est certain, notre curiosité sera satisfaite, notre inquiétude dissipée, et cet évènement, l'évènement que nous avons non seulement attendu mais qui a orienté nos vies, les a aimantées dans cette seule et unique direction où le monde entier se retrouve aujourd'hui, tout nous sera donc révélé une bonne fois pour toutes. Ainsi donc, il est temps de mettre un terme à ce suspens, de suspendre cet intolérable suspens. Et je veux bien, car je vois que vous piétinez vous aussi, je veux bien à mon tour proposer ma petite théorie sur la question qui devrait donc, je l'espère, vous contenter: si le flamant rose dort une patte repliée, c'est effectivement pour la réchauffer comme cela a été plusieurs fois démontré. En revanche, là où je me distancie de mes prédécesseurs, c'est que je suggère de penser que le flamant rose cache quelque chose dans cette patte cachée. Un caillou, un poisson, une grenouille, un peu de sable, un bâton, un tas de mousse, un oeuf, des crustacés. L'ennui, et c'est la limite de ma théorie, c'est qu'il est précisément impossible de savoir ce que le flamant rose cache. D'ailleurs la chose se complique puisque, vous l'avez remarqué, il change régulièrement de patte. Gauche droite gauche droite. Et ce que l'on croyait dans la patte gauche se retrouve comme par magie dans la droite ou inversement. Pour cela il rappelle un peu l'humain qui au cours de son sommeil change de position dos ventre côté côté ventre dos pour revenir à sa position initiale et retrouver ce même état qui était le sien avant de dormir, l'éveil. Il en va de même du flamant rose. Depuis toujours, un peu paranoïaque, il cache quelque chose dans sa patte qu'il cache dans sa poche de plumes avant de dormir, et, au cours de son sommeil il change de patte pour soulager l'autre atteinte de fourmillements. Quand il se réveille, il se retrouve sur une patte, descend la deuxième car il faut bien marcher et avancer, et c'est donc incidemment que l'objet caché est tombé dans l'eau, et s'est retrouvé emporté par le courant de la rivière. Quant à nous, fatigués d'avoir attendu la chute, distraits, nous n'avons pas vu ce qui se cachait dans la patte du flamant rose.

lundi 7 novembre 2016

270

Aussi original, novateur, ambitieux, savoureux, explosif et décisif que puisse être ton prochain livre, qu'il marque une profonde rupture avec la tradition littéraire ou qu'il renverse le cours de l'Histoire, garde tout de même à l'esprit que toutes les bibliothèques du monde, grâce à un simple système de classification, ont déjà prévu son emplacement sur les étagères. Quel qu'il soit, sulfureux ou incisif, il se tiendra bien sagement et bien droitement au milieu d'autres livres, dans la paix et le silence de la bibliothèque.

samedi 5 novembre 2016

269

Une année jour pour jour que ce blog tente de retenir les jours. Il le fait si bien que seulement 269 jours se sont écoulés depuis le 5 novembre 2015.

*

Un jour ici ne correspond pas à un jour sur Terre.

*

Question: La Terre est-elle bien ronde? Je m'en étais convaincu il y a peu de temps ici. Mais voilà que ce petit dérèglement, cet anniversaire qui ne répond même pas à un chiffre rond, remet tout à plat. La Terre serait plate? Un doute subsiste. Tout est à reprendre, on recommence. Le serpent se mord la queue O le hamster poursuit infiniment sa course dans sa roue O. La Terre est ronde et la pensée circulaire.

*

Mais si j'en crois les chiffres: 365 - 270 = 95 jours littéralement évaporés. Qu'est-ce qui s'y passa? Nous voulons savoir maintenant.

vendredi 4 novembre 2016

268

Nous rions au nez de cet auteur plagié qui revendique aujourd'hui la paternité de ses textes, lui qui jamais ne voulut reconnaître ses fils.

jeudi 3 novembre 2016

267

Gérard Dèmos devait pourtant s'y attendre; en instaurant un calendrier démocratique, il avait ouvert la voie à toute sorte de référendums calendaires. Ainsi on accepta de revivre quelques jours glorieux. Hitler se suicida une fois de plus. On savoura encore une fois le 28 juillet 1883, jour faste où le nom de Benito Mussolini n'était lisible au poignet d'aucun nouveau-né de Predappio. Et puis on améliora des jours qui n'avaient connu aucun évènement majeur, comme le 8 mai 1880 où Flaubert, à bout de force, mit un point final à Bouvard et Pécuchet, on remit à l'ordre du jour tous les 29 février qui n'avaient pas eu lieu, et tous ces 25 décembre sans neige, et tous ces mois d'août sans soleil.

mercredi 2 novembre 2016

266

Une petite idée sur les premiers mots prononcés par la première femme ou le premier homme? Des phrases du type Passe-moi le sel, Je vais gicler la Ford, Pour une politique efficace d'aménagement du territoire, Tes parents nous attendent pour 19h30, sont bien évidemment à exclure. Il ne reste pas tant de possibilités. Continuez donc à soustraire ce qui n'a pu être dit à l'origine et vous aurez le fin mot de l'histoire.

mardi 1 novembre 2016

265

Ne nous intéresse que l'autobiographie du menteur où l'on découvre les impressions de l'auteur lorsqu'il fut témoin du Big Bang, son étonnement devant le premier feu qu'il alluma, son angoisse quand il se sentit poursuivi par un vélociraptor, sa joie au moment où une de ses semblables donna au monde ce qui devait être le premier enfant.

lundi 31 octobre 2016

264

Tiens, me dis-je en posant le pied par terre ce matin, tâtonnant pour trouver mon verre d'eau, écoutant les oiseaux, les voitures, la machine à café des voisins, la porte de l'immeuble claquer - la journée aura commencé sans moi.

jeudi 27 octobre 2016

263

Et si vous vous endormez devant cette autobiographie, sachez que son auteur n'a pas eu ce luxe. Ni au moment de vivre les évènements, ni au moment de les écrire.

mardi 25 octobre 2016

262

Un homonyme, Tristan Blanc, publia une autobiographie en son nom, ou le mien puisque depuis longtemps j'avais adopté ce pseudonyme. Son autobiographie manquait de rigueur, elle me faisait naître à Tolmin en Slovénie de façon un peu précoce - à l'en croire j'aurais aujourd'hui trente-trois ans. De plus, n'ayant pas de descendance il me présentait comme, je cite, "un père irresponsable et un mari terne". Je me découvris aussi cruciverbiste à 100 % et éleveur de phasmes dans mon temps libre. Quelle vie.

lundi 24 octobre 2016

261

D'ailleurs, toujours en ce qui concerne mon autobiographie (provisoirement intitulée Autobiographie en couleur), je peinai à choisir entre une encre bleue, rouge ou noire. J'avais d'abord pensé écrire en rouge les moments difficiles de mon existence, en noir les moments ordinaires et en bleu tout ce qui m'avait été agréable. Rapidement, m'apparurent les limites d'un tel procédé: je racontai en rouge le jour où un employeur m'annonça qu'il avait choisi un autre candidat plus qualifié. Après réflexion, je me dis que cet autre candidat, s'il tombait sur mon livre, aurait pu se sentir offensé de lire en rouge ce qu'il aurait certainement voulu lire en bleu. Je récrivis donc en bleu les passages en rouge. Et je renversai mon système de couleurs ne sachant plus très bien aujourd'hui quelle tranche de ma vie fut malheureuse, quels furent mes moments de joie. Maints instants banals se mirent à briller. Et tout ce qui était resté en blanc, entre les lignes, tout ce que je n'avais pas écrit car pas vécu, tient sur la page, se mariant parfaitement avec le reste.

vendredi 21 octobre 2016

260

Mon tourment commença le jour où j'entendis cette annonce dans le métro: "Veuillez ne pas prendre en compte les horaires affichés aux arrêts." J'attendais le métro de 8h04 en sachant pertinemment maintenant qu'il arriverait à toute heure exceptée celle indiquée. Le métro de 8h04, c'était une certitude n'arriverait pas à 8h04; midi peut-être, 5h50 possiblement, pourquoi pas 8h01.
Depuis cette annonce, j'entretiens un rapport un peu compliqué avec la réalité. Je doute de tous les panneaux d'autoroute; Pour me rendre à Vevey, je prends la sortie n°17 parce que je ne peux plus me fier au panneau qui indique "Vevey sortie n°14". D'ailleurs rien ne me prouve que Vevey corresponde effectivement à Vevey, il peut s'agir de New York, Villa del Rosario, Chalon-sur-Saône ou Ibbenbüren. Et que faire des limitations de vitesse? Faut-il faire confiance au témoin qui m'ordonne d'aller mettre de l'essence?

mercredi 19 octobre 2016

259

Aujourd'hui n'a aucune raison de figurer dans cette autobiographie. Retournons à la réalité, vite.

mardi 18 octobre 2016

258

Il me paraît en effet plus juste de commencer mon autobiographie par une page blanche, afin de coller au mieux à mon caractère discret et effacé. Mais voici que déjà je me contredis, comme je me contredis le jour de ma naissance: moi qui aspirais à une vie sans éclats, cherchant à ne choquer personne, à ne pas déranger, à respecter les autres comme on me l'apprendrait plus tard, je ne pus m'empêcher de faire un scandale, de crier et de pleurer en voyant la lumière du jour, d'agiter les bras et les jambes; impudique, je me présentais nu, on me couvrit; je crois bien avoir craché du liquide sur la chemise propre de la sage-femme; il fallut me nettoyer la bouche; la sage-femme d'ailleurs me remit tout de suite entre les mains de ma mère, ne sachant plus trop quoi faire de moi.

lundi 17 octobre 2016

257

Je m'aperçus que je n'avais pas enregistré les dernières modifications, et qu'elles étaient perdues. Mon autobiographie, amputée de ces évènements évanouis, faisait ainsi du surplace, revenait en arrière. Moi aussi.

*

Chaque jour désormais, j'écris un passage de mon autobiographie que je n'enregistre pas pour repousser la fin.

vendredi 14 octobre 2016

256

Au musée d'art contemporain, l'installation est la suivante: une femme remplit jour après jour une salle avec des bouteilles vides jusqu'à ce que, écrasée par le vide en bouteilles, tout mouvement lui devienne impossible. Il va sans dire qu'il n'y a pas beaucoup de places pour les visiteurs.

jeudi 13 octobre 2016

255

Aujourd'hui, j'avais pourtant prévu une véritable histoire avec du suspens, des personnages, un meurtre dans une ruelle, et la presque résolution de cette affaire par un inspecteur ordinaire, aimablement alcoolique. À la fin, pour le plaisir du lecteur, il devait rester encore quelques zones d'ombre (par exemple, on ne saurait pas pourquoi le tueur avait sur lui des faux-papiers du nom d'un président américain au moment de son interpellation; de même demeurait inconnue la raison pour laquelle la victime se promenait avec un pot de fleurs au moment du drame). Mais la pluie qui s'abat depuis ce matin a effacé tout ce que j'avais noté dans mon carnet.

mercredi 12 octobre 2016

254

Prenez votre plus belle autobiographie, videz-la de vous-même et voyez ce qu'il reste: le monde ou le vide?

mardi 11 octobre 2016

253

Quelqu'un que je ne connais pas m'a mandaté pour écrire son autobiographie, quelqu'un que je ne connais pas et, qui sait, peut-être n'existe même pas. Naturellement j'ai accepté. Je ne sais ni son nom ni son prénom, il n'a pas donné de lieu ni de date de naissance pas plus qu'un signe astrologique, une passion ou quoique ce soit qui pourrait m'aider à mieux le cerner. En son nom, je vais donc prendre appui et écrire sur mon expérience, sur ma vie, en espérant, par chance, toucher juste. Ce sera l'occasion de me découvrir comme on ne m'a jamais vu. Moi-même, j'imagine, serai bien en peine de me reconnaître.

lundi 10 octobre 2016

252

Aucune place ne porte mon nom, aucune rue, aucun boulevard, aucun square, aucun enfant, aucune femme, aucun livre, aucun scandale, aucun casier judiciaire, aucune tombe. Et pourtant j'ai fait le tour du monde. Le tour du monde en toute discrétion, sur la pointe des pieds.

samedi 8 octobre 2016

251

Et nous donc, la Terre, à quelle constellation sommes-nous rattachés, brillons-nous assez pour contribuer au dessin d'une casserole, d'un capricorne, d'un ours; n'y aurait-il pas une petite place pour nous, rallier Pégase, déformer ou parachever Orion à qui il manque un bras, un oeil, prolonger le cou du Cygne?

vendredi 7 octobre 2016

250

Tel l'éléphant maladroit ou plutôt habile (qui jugera?) au cirque en équilibre sur un ballon, dont on ne sait pas si c'est lui qui imprime le mouvement à la balle ou si c'est cette dernière qui le contraint à avancer dans le vide pour ne pas tomber, me voilà pris au piège de cette petite planète - La Terre est ronde - lancée il y a 250 jours, chaque matin me ramenant au même endroit avec cette même volonté ou obligation de continuer à la faire tourner.

jeudi 6 octobre 2016

249

Puis, pour remédier au chaos du calendrier aléatoire, Gérard Dèmos proposa un calendrier démocratique où la majorité déciderait du jour à vivre.

mercredi 5 octobre 2016

248

Tristan Blanc

Il était pourtant là il y a peu. Tristan Blanc était juste là, je pouvais le voir, vous-mêmes en êtes témoins, il occupait tout l'espace, on ne voyait que lui, on s'apprêtait à le suivre, à l'écouter. Il a dû s'échapper, trop orgueilleux sans doute pour figurer ici, irrespectueux envers moi qui prends sur mon temps pour le mettre en lumière, sans égards pour vous qui vous êtes déplacés pour le voir. De tels manquements. Me voilà confus. Du Tristan Blanc dans toute sa nullissime splendeur. On fera sans lui.

mardi 4 octobre 2016

247

Puis je fis une nouvelle victime de crainte qu'on impute mon meurtre précédent à quelqu'un d'autre. Et une autre et encore une autre. J'avais beau m'acharner, laisser des indices, ne pas mettre de gants, disséminer mes coordonnées sur les différents lieux du crime, y déposer des bouquets de fleurs de la boutique de mon père, jamais on ne remonta jusqu'à moi, jamais! Aujourd'hui on dénombre cinquante victimes et autant de suspects. Moi qui voulais simplement réparer une erreur, prévenir une injustice, mettre fin à une tragique confusion. Ainsi peut-être naissent les tueurs en série.

lundi 3 octobre 2016

246

Comme si le calendrier avec ses images de biches, de cerfs et d'étourneaux ne suffisait pas, il faut encore que tu en rajoutes chaque jour, en dessous de la date, pour souligner un peu plus encore ce que tout le monde avait déjà remarqué et regrette: les jours passent.

vendredi 30 septembre 2016

245

Et comme la procrastination fait partie intégrante de ce que je suis, j'ai, naturellement, longtemps repoussé le moment de ma naissance, si longtemps que l'autobiographie que je m'apprête à écrire doit elle aussi, il me semble, retarder par tous les moyens - comme je m'employais à le faire  alors dans le ventre de ma mère refusant de naître ou d'être trop tôt -, le plus loin possible - comme en atteste cette phrase beaucoup trop longue et qu'il serait judicieux de bientôt ou même immédiatement achever -, mon apparition.

jeudi 29 septembre 2016

244

Comme ma mère rate le train qui devait la mener chez celui qui serait devenu mon père si elle avait été ponctuelle, mon autobiographie - qui s'ouvre justement sur cette scène où une femme regarde le train filer au loin dans la brume du soir - commence sans moi.

*

Quant à poursuivre cette autobiographie, bof...

mardi 27 septembre 2016

243

il - sur ses petites pattes, ses brindilles fines comme des i - sautille fièrement
d'un bout à l'autre de la branche deux vers dans le bec
et dans l'autre sens
revenant vers le tronc
puis repartant vers l'extrémité là où la branche est plus souple et s'agite comme une vague de haut
en bas
et il continue ses allers-retours le jabot bombé (à tel point qu'il ne voit plus devant)

et il
tombe
sur la branche d'en dessous
et encore
et encore

jusqu'au sol
les ailes ployées

lundi 26 septembre 2016

242

Gérard Dèmos mit au point un calendrier aléatoire afin de rompre la routine du peuple et, au passage, démanteler un vaste réseau d'astrologues charlatans. On apprenait à minuit la date et le nom du jour. Les week-ends pouvaient durer des semaines ou s'interrompre brutalement. Il arriva qu'il neige le 25 décembre. La fête des morts pouvait tomber sur votre anniversaire. Au lendemain du Nouvel An, des bouchons se formaient sur tous les grands axes routiers à cause du retour des juilletistes et du départ des aoutiens.

jeudi 22 septembre 2016

241

Pourquoi pourquoi, vitupérait-il, se rongeant un ongle au-dessus du moteur de son Aston Martin en panne, pourquoi a-t-on séparé les sciences humaines et les sciences dures? Immobilisé au milieu du campus, il comptait sur un étudiant en philologie ou une professeure d'anthropologie pour réparer son joint de culasse.

mercredi 21 septembre 2016

240

On pourrait tous tirer à la même corde pour soulever la Terre et la rapprocher du ciel. On pourrait. Mais manque l'envie, manque la conviction.

mardi 20 septembre 2016

239

Incapable de comprendre les hommes et les femmes, il ferma son cabinet de consultation en psychologie, ouvrit une grotte, devint spéléologue ou, comme il dit, "psychologue de la roche".

lundi 19 septembre 2016

238

La Terre s'arrête de tourner. La moitié des tournesols continuent de fixer le soleil; les autres, la tête rentrée dans les épaules, regardent leur pied en espérant que le sol se dérobe.

vendredi 9 septembre 2016

237

Je ne prends jamais le bateau. Je n'ai pas confiance. La Terre étant ronde, chaque point du globe offre une infinité de toboggans. Alors si en plus il y a de l'eau. Non merci, pas pour moi le bateau. Il faut être fou ou croire la terre plate.

jeudi 8 septembre 2016

236

236 jours que j'essaie de m'en convaincre: la Terre est ronde; suffirait d'une phrase pour s'en convaincre, une phrase faisant le tour d'elle-même, s'enroulant sur elle-même pour revenir à son commencement, à savoir que cela fait 236 jours que j'essaie de m'en convaincre: la Terre est ronde

*

Ce blog n'a plus rien de désuet. S'il l'était on n'y reviendrait pas chaque jour. Il est rond, de même que la Terre est ronde. Conjurer la platitude des jours.

mercredi 7 septembre 2016

235

Tu peux bien avoir peur, c'est en effet un lance-pYerre que je brandis devant tes yeux!

mardi 6 septembre 2016

234

La manivelle pour inverser le sens de rotation de la Terre en fin de journée, personne encore n'y a pensé? Désespérante humanité.

lundi 5 septembre 2016

233

Ceci est un oeuvre de fiction. Toute ressemblance avec les lois physiques, chimiques ou biologiques qui régissent notre univers existant ne serait que pure coïncidence.

mardi 30 août 2016

232

- Tous vos romans mettent en scène des êtres humains. Y a-t-il là quelque chose d'autobiographique?

lundi 29 août 2016

231

Frappé d'une malédiction, les derniers mots que l'homme prononça avant de perdre l'usage de la parole furent: "Je ne me tairai jamais." Plus un mot ne sortit de sa bouche. Zazie quant à lui, son perroquet, comme il n'avait rien de neuf à se mettre sous la dent, lassé de ce silence, répétait incessamment les dernières paroles humaines qu'il avait entendues, "Je ne me tairai jamais", jusqu'à rendre fou son maître qui jamais ne connut les douceurs de la surdité.

vendredi 26 août 2016

230

Comme un poisson dans l'eau. Est-on certain qu'il s'y plaît? Quelqu'un lui a demandé? Sans palmes, sans lunettes, sans épuisettes, quel est le plaisir? L'évolution montre pourtant bien que le poisson ne cherche pas autre chose que de sortir de son milieu pour conquérir la terre ferme.

jeudi 25 août 2016

229

À chaque salon du livre, c'est la même histoire. On leur tend un livre et ils ne trouvent rien de mieux que d'y gribouiller leur nom pourtant tout à fait lisible et en majuscules sur la couverture, la quatrième et la page de grand-titre. À chaque fois, ils ratent l'occasion d'améliorer leur livre d'une phrase inédite, de l'achever un peu plus ou de rouvrir le chantier.

mercredi 24 août 2016

228

Quel rythme auraient nos phrases si nous habitions une planète avec une plus faible gravité? Comment décrire la marche marche flottante de l'astronaute sur la Lune?

mardi 23 août 2016

227

Comme la nature nous provoque! ces moineaux qui vont tranquillement s'asseoir sur un câble électrique pour la vue imprenable, ces pommes encore bonnes pourtant tombées du haut de l'arbre, ces tournesols sans crainte qui fixent le soleil.

lundi 22 août 2016

226

Quand il est pris d'une démangeaison dans un coin du dos impossible à atteindre avec ses doigts, il saisit son planisphère, le fait tourner et vise sa maison de son ongle en espérant tomber au bon endroit.

vendredi 19 août 2016

225

Si tu veux écrire une parfaite autobiographie, fidèle en tous points à ton existence, commence par mettre ta vie entre parenthèses, accepte de ne pas commencer tous tes exploits par une majuscule, applique une syntaxe aussi tordue que tes comportements, achève-toi au bon moment.

jeudi 18 août 2016

224

Hier, dans ma vie, deux événements extraordinaires. Je suis monté dans un train et quand je suis descendu, c'était toujours la même gare. Un incendie dans le wagon l'avait rendu immobile. Puis revenu chez moi le soir par un autre moyen, j'ai découvert qu'on avait parlé de moi aux infos: "Par mesure de précaution, la compagnie a fait descendre les usagers en gare d'Y."

mardi 16 août 2016

223

Pour mon autobiographie, j'ai d'abord noté tous les événements que ma mémoire a oubliés. Ensuite, j'ai écrit tout ce qui ne m'était jamais arrivé. Alors, après quelques milliers de pages, il ne m'a pas paru pertinent de poursuivre en racontant ma vie, j'en avais déjà assez dit, et je commençais à manquer de temps.

lundi 15 août 2016

222

Ainsi s'achève mon autobiogr et il ne put écrire les dernières lettres, effondré sur son bureau, mort.

samedi 13 août 2016

221

À en juger par les nombreux cratères qui parsèment mon jardin, et les nombreux toits effondrés autour de ma maison, cette nuit devait être une merveilleuse pluie d'étoiles filante. Et moi qui ai raté ça, endormi comme un marteau.

mercredi 10 août 2016

219

Tous ces squelettes au visage rieur. Je ne vois pourtant pas ce qu'il peut y avoir de drôle.

mardi 9 août 2016

218

Si les premiers ossements humains découverts n'avaient pas présenté un cas évident de scoliose, peut-être que Squelette n'aurait jamais débuté par un S.

samedi 6 août 2016

217

Il suffisait pourtant de planter des cocotiers et non pas des pommiers. La tentation de croquer dans le fruit eût été moindre et on y serait encore.

vendredi 5 août 2016

216

Décaler le regard, toujours, que ce soit pour l'abeille autour du pot de miel, l'absente pâquerette des terrains de football ou la blancheur de la neige. De la même manière, dire que Prokofiev a quitté un monde où Staline existerait pour encore une heure.

jeudi 4 août 2016

215

Quel poète aurait trouvé ces métaphores de coucher et de lever de Soleil si nous n'avions pas d'abord imaginé une Terre plate au centre de l'Univers?

mercredi 3 août 2016

214

Un jour il dessina la voiture de ses rêves. Des petites roues, un tube pour habitacle et, allez savoir pourquoi, des ailes. Sans s'en rendre compte, il inventait l'avion.

mardi 2 août 2016

213

Pourtant, la tectonique des plaques prévoit que les continents se rencontreront à nouveau. Plus de mer ni d'océan pour nous séparer. Quant aux murs et autres barbelés, ils ne supporteront pas le choc.

vendredi 29 juillet 2016

212

- Hé le poète! Trouve-toi un vrai travail, gagne ta vie, cesse tes métaphores! Enfin tu connaîtras le plaisir de griller, de flamber de l'argent liquide. L'argent ne pousse pas dans les arbres.

jeudi 28 juillet 2016

211

À quoi bon des ongles si nous ne grattons plus la terre pour chercher de fameux trésors enfouis? S'ils ne servent à rien autant se les ronger, cela nous évitera de nous poser d'imbéciles questions.

mercredi 27 juillet 2016

210

Qu'adviendra-t-il le jour où, n'ayant toujours pas tranché entre mer et ciel, le poisson-volant sera tenté par la terre?

mardi 26 juillet 2016

209

Il n'y a pas que l'existence humaine qui est frappée d'absurdité. Prenez cette abeille qui butine mon pot de miel.

samedi 16 juillet 2016

208

Les blancs entre les paragraphes de mon autobiographie: tout ce que je n'ai pas - encore - fait.

*

D'ailleurs il est temps d'en remplir un et de partir en vacances.

jeudi 14 juillet 2016

mardi 12 juillet 2016

206

Une autobiographie ne l'est pas si elle occulte les premiers vagissements. Les miens pouvaient être stridents, quoique très espacés, quand la compote me manquait. Il faudrait les retranscrire ici pour bien comprendre quelle sorte de bébé je fus. Je crains toutefois que notre alphabet soit trop réduit. Il nous manque des lettres entre le k et le r, des nuances de a et de ouin.

lundi 11 juillet 2016

205

Il avait écrit dans un de ses livres: "Je me déplace en mustang." Une partie des lecteurs avaient cru se trouver en face d'une autobiographie - l'auteur était en effet connu pour en posséder une à carrosserie rouge -, tandis que les autres pensaient lire un western avec sa traditionnelle et folle chevauchée à travers les grands espaces américains.

samedi 9 juillet 2016

204

D'entente avec moi-même, je décidai d'utiliser le temps de ce trajet en train et les feuilles blanches de ce cahier pour entamer l'écriture de mon autobiographie. Mais le contrôleur me demanda de présenter un titre de transport que je n'avais pas. J'écrivis donc mon nom, mon prénom, ma date de naissance, ma profession ainsi que l'adresse de mon domicile sur le formulaire accompagnant l'amende. C'est la plus fidèle autobiographie - la meilleure donc - que j'ai écrite jusqu'à maintenant. Je crains de ne pouvoir jamais faire mieux.

vendredi 8 juillet 2016

203

Et comme l'ambulance tournait en rond dans le quartier ne trouvant pas la victime pour laquelle on l'avait appelée, je me résolus à faire un petit malaise afin de préserver les bonnes relations de voisinage.

jeudi 7 juillet 2016

202

Lorsqu'il acheta sa première télévision en couleur, il fut déçu de voir le peu de nouveautés qu'apportaient un tel appareil: le zèbre, le panda, la vache fribourgeoise, le corbeau et la colombe demeuraient en noir et blanc. Seul le manchot avait gagné une légère tache jaune au niveau du cou qui, d'ailleurs, pouvait être de la saleté. Il régla la luminosité, le contraste et la couleur; il retrouva le noir et le blanc.

mercredi 6 juillet 2016

201

Jouer au téléphone arabe avec une bande de perroquets n'a vraiment rien de drôle, je vous assure.

mardi 5 juillet 2016

200

Chaque matin, je marque le jour passé d'une croix sur le calendrier. Pour mieux le fixer dans ma mémoire ou l'abolir.

*

200 jours passés de date, repassés comme du linge, pliés sur quelques lignes.

lundi 4 juillet 2016

199

Autant de grognements, de coups de pelles ravageurs dans le sol, de jurons contre les mouches et le mal de dos, les cailloux et la douleur d'une goutte de sueur dans l'oeil, quelle dépense d'énergie pour planter des roses dans le jardin, censées nous apaiser.

samedi 2 juillet 2016

198

Et dans mon autobiographie il y avait des dragons, des fées, des fourmis plus grandes que moi, des démons à trois têtes...

vendredi 1 juillet 2016

197

Nous avons un mot pour désigner l'érosion éolienne par les grains de sable - la corrasion -, c'est très pratique. Quant à l'ourlet du pavillon de l'oreille qui décrit un demi-cercle en partant de la conque jusqu'à la partie supérieure du lobule, c'est bien de le savoir, il s'agit de l'hélix. En revanche nous n'avons rien pour nommer les... vous savez ces petits... comment dire... ces petites choses qui... Ah! et puis zut!

jeudi 30 juin 2016

196

Saluons la puissante imagination de cet enfant qui voit un cheval là où nous ne voyons qu'un colley ridicule.

mercredi 29 juin 2016

mardi 28 juin 2016

194

De qui suis-je l'autobiographe? me demandai-je en regardant dans le miroir le reflet d'un visage qui aurait pu être le mien si tous les traits n'avaient été inversés.

lundi 27 juin 2016

193

Il avait jugé bon, pour son premier interrogatoire, de se prémunir de toute possible panne du dictaphone en engageant un perroquet. Mais l'oiseau, répétant chaque parole du suspect, rendait l'enregistrement incompréhensible et inexploitable. Il fut acquitté.

dimanche 26 juin 2016

192

Et le perroquet avoua le meurtre à la police qui n'y crut pas; aujourd'hui encore, le squelette dort dans le placard.

samedi 25 juin 2016

191

Vous pensiez certainement que vous aviez affaire à moi, une fois de plus, mais non, c'est bien Zazie, mon perroquet, qui s'adresse à vous en ce moment-même.

vendredi 24 juin 2016

190

J'sais pas que faire de Zazie mon perroquet ou ma perroquette. Elle pue, sa grammaire. Elle, Zazie, s'exprime comme un vrai charretier, elle dit des tas de conneries. D'où que ça peut bien lui venir à cette conne?

jeudi 23 juin 2016

189

Quinze mille téléphones portables et tablettes surgirent de la foule. Elle entamait sa chanson la plus célèbre. Personne ne remarqua les quelques fausses notes, sa voix qui déraillait, sa phrase qui progressivement se décrochait du rythme. On remarquerait peut-être ces imperfections quand on regarderait la vidéo, le lendemain, avant de la poster sur les réseaux sociaux ou plus tard en la partageant avec ses amis. Mais maintenant, il s'agissait, derrière son écran, de vivre pleinement l'instant.

mercredi 22 juin 2016

188

Mais ces points de suspension ironiques à la fin du dictionnaire, laissent-ils présager une suite?

mardi 21 juin 2016

187

ZZZZ... c'est ainsi que se ponctue le dictionnaire, comme beaucoup d'autres livres qui nous endorment.

dimanche 19 juin 2016

186

En les plaçant dans le ciel ou dans les mers, il semble qu'on ait voulu nous priver d'étoiles. C'était sans compter sur notre capacité à construire des fusées et des sous-marins.

samedi 18 juin 2016

185

L'homme statue s'était penché en avant pour compter le nombre de pièces dans le chapeau posé devant lui. Il avait gagné si peu qu'il en restait coi.

vendredi 17 juin 2016

184

La lecture de ce roman ne me donna même pas envie de lire la quatrième de couverture.

jeudi 16 juin 2016

183

Sortie de la douche, elle se frictionna de l'opodeldoch et se parfuma d'opopanax, fuma un peu d'opium au jardin en caressant le grand oponce. Puis elle partit pour sa séance d'opothérapie.

mercredi 15 juin 2016

dimanche 12 juin 2016

181

S'il n'y avait que le comportement des joueurs, leurs simulations et leurs coups bas, cela pourrait passer. Mais le plus dur, c'est de garder pendant nonante minutes les yeux rivés sur ce pré plat sans tulipes, sans jonquilles et sans arbres. Il n'y a rien à voir.

vendredi 10 juin 2016

180

Les répercussions du trou dans la couche d'ozone sont dramatiques. Voyez toutes ces calvities.

jeudi 9 juin 2016

179

On nota un net recul des excès de vitesse depuis l'élection de Gérard Dèmos. En effet, étaient pris en photo non pas ceux qui roulaient trop vite, mais ceux qui respectaient les limitations.

lundi 6 juin 2016

178

La cheffe du secteur Horreur à la bibliothèque publique me regarde toujours comme si elle m'avait déjà vu quelque part.

dimanche 5 juin 2016

177

A la bibliothèque publique, devant une étagère pleine de livres, un enfant de cinq ans demande à être pris en photo.

mardi 31 mai 2016

175

Mettre des arbres et des oiseaux
dans un poème est bien inutile
Il y faut avant tout des lettres et
des espaces

Ils viendront tout seuls
les oiseaux qui veulent se poser sur
une branche

lundi 30 mai 2016

174

Plagiaire hors pair, il était pris entre le besoin de reconnaissance et la plus grande discrétion que requérait son art.

dimanche 29 mai 2016

vendredi 27 mai 2016

jeudi 26 mai 2016

171

Une partie du quai s'écroule, des voitures finissent dans l'eau de l'Arno. Le Ponte Vecchio, lui, toujours intact, triomphe.

mercredi 25 mai 2016

170

En quête de miracles, je me place en face de la porte de l'ascenseur. Apparaissent toutes les minutes des hommes et des femmes tombés du ciel.

mardi 24 mai 2016

169

Il avait pris ses dispositions pour, une fois parti, faciliter la vie de ses proches. Mais, quand on essaya de le faire entrer dans la boîte qu'il avait choisie, ils se trouvèrent devant un inimaginable dilemme: trouer le cercueil payé hors de prix ou lui sectionner les tibias?

dimanche 22 mai 2016

168

Incapables de communiquer, ils se placent l'un et l'autre de chaque côté du filet, se renvoient la balle comme une patate chaude, adoptent un système de comptage mystérieux (15; 30; 40; avantage), l'un répondant par un lift quand l'autre offre un coup coupé, ou par un smash si c'est un lob. Parfois, ils se parlent en anglais out! net! set! tie-break! Après deux heures et demi, ils daignent se serrer la main.

samedi 21 mai 2016

jeudi 19 mai 2016

166

Les premiers soirs de juin, je fais le mur pour aller voir les lucioles. Mais, tourbillonnant autour de moi, elles m'éclairent et avortent ma petite fugue. Mes parents me ramènent à la maison.

mercredi 18 mai 2016

165

Le champ magnétique terrestre, cette notion vague que seuls ceux qui portent des piercings peuvent éprouver.

mardi 17 mai 2016

164

Si le cannibale loue votre QI d'huître, prenez garde, il pourrait s'agir d'une ruse.

samedi 14 mai 2016

163

On reproche à ce peintre sa mégalomanie, mais le monde se peint à grands traits. Il a au moins le mérite de prendre les choses pour ce qu'elles sont. Ainsi le cyprès devient pinceau.

vendredi 13 mai 2016

162

M'effraie davantage le cannibale faible et édenté n'avalant rien d'autre que de la soupe ou de la compote.

jeudi 12 mai 2016

161

La girafe voit plus loin que l'horizon, la taupe creuse des galeries; toutes deux, le matin, se vantent d'avoir vu le soleil avant l'autre, avant même qu'il se lève.

mercredi 11 mai 2016

mardi 10 mai 2016

159

Quelques agressions l'ont décidé à aller vivre sous l'eau. Il est entré dans son scaphandre, a sauté dans l'eau. Il doit être heureux maintenant entre la crevette-pistolet et le poisson tigre goliath, avec le poisson-pierre et le cône tueur.

lundi 9 mai 2016

158

Pour le ciel, regarde, c'est simple, je fais des trous dans le tissu avec une aiguille. Les sauterelles aussi ont droit aux étoiles.

samedi 7 mai 2016

157

Un duel au soleil dans le sable chaud, la vipère à cornes et le lézard scinque se toisent. Elle est couleur de dunes avec de discrètes taches brunes par souci de réalisme. Ses iris aussi prennent la couleur du sol. Elle a deux petites cornes pour impressionner ou détourner l'attention, mais c'est bien sa denture solénoglyphe qui empoisonne. De son côté le lézard scinque... mais que dire de lui, il a déjà disparu, on ne saura rien, ne cherchez pas, il s'est sauvé en plongeant dans le sable.

vendredi 6 mai 2016

156

Avant mon départ sur Mars, je m'entraîne à perdre mes repères. Rien de mieux pour cela que d'arriver le mardi à l'université sans avoir vu le dernier épisode de Game of Thrones. Les gens vous attrapent par le bras pour savoir ce que vous pensez de créatures nommées marcheurs blancs; d'un bâtard doux comme un flocon, perché sur un antique gratte-ciel, de qui dépendrait le sort de l'humanité; d'un frère et d'une soeur, à la fois oncle et tante de leurs propres enfants; d'un hiver promis qui pourrait durer des décennies; de cruches sans fond; de chiens lassés de manger des croquettes; d'un sadique tellement sadique qu'il pourrait lui-même spoiler la suite de la série face-caméra...
Ô vous, frères martiens!

jeudi 5 mai 2016

155

Avant de couper des carottes en julienne, le monde ne s'était jamais présenté à moi en trois dimensions.

mardi 3 mai 2016

153

Tous ces livres qui auraient pu changer la face du monde s'ils n'avaient pas disparu sont aussi ceux qui ont changé la face du monde à cause de leur disparition.

lundi 2 mai 2016

152

On m'a proposé, pour une expérience scientifique, de rajeunir; c'est-à-dire partir de mon âge avancé, huitante ans, pour aller vers zéro. Naturellement, j'ai refusé. L'idée en soi pouvait paraître séduisante, mais je ne me voyais pas retourner vivre chez mes parents, le ventre de ma mère, la prostate de mon père, et puis l 'infinie nuit noire.

dimanche 1 mai 2016

samedi 30 avril 2016

vendredi 29 avril 2016

mercredi 27 avril 2016

148

Ils étaient deux. Lui croyait qu'ils étaient les premiers hommes; elle soutenait qu'ils étaient les derniers.
- Soit, mais alors que faire?

mardi 26 avril 2016

147

La chute des cheveux, la chute des dents
puis la chute des yeux, la chute du nez
la chute des ongles, des doigts, des mains
la chute des bras, la chute des os,

sur le sol
au final on s'y retrouve

lundi 25 avril 2016

146

Il publia quelques romans. On ne les achetait pas. Puis, comme par hasard, il mourut.

dimanche 24 avril 2016

vendredi 22 avril 2016

144

Norman Joseph Woodland et Bernard Silver, ces deux petits malins qui ont inventé le code-barres, n'avaient qu'une idée en tête: scanner le zèbre.

mercredi 20 avril 2016

143

Il devait son succès à la surdité de sa secrétaire qui tapait sans relâche tandis qu'il dictait un roman aussitôt évanoui.

lundi 18 avril 2016

vendredi 15 avril 2016

140

De même l'homme est contraint de marcher sur la Terre sans quoi il chuterait dans le vide, de même le hamster poursuit infiniment sa course dans la roue pour remplir les journées.

jeudi 14 avril 2016

139

- La Terre tourne dans un sens, je cours dans l'autre. Que voulez-vous que je fasse d'un tapis de course?
Le démarcheur était blême. Il existait encore des gens contre qui le meilleur marketing demeurait impuissant.

mardi 12 avril 2016

137

On pourrait élargir notre pensée et non plus imaginer le serpent qui mort sa propre queue mais un serpent qui mord la queue d'un autre serpent qui lui-même mord une queue qui n'est pas la sienne mais bien celle d'un autre serpent dont la mâchoire n'a rien d'autre à faire que de mordre la queue du serpent suivant etc. etc.

lundi 11 avril 2016

136

Ce vieillard croyait pouvoir enfin mourir tranquillement. Il poserait la plume, éteindrait la lampe à huile, ôterait ses chaussures, tremperait une dernière fois les lèvres dans son verre de rouge. C'était oublier un peu rapidement qu'on l'avait figé dans ce tableau au XIXe siècle déjà.

dimanche 10 avril 2016

135

En librairie, ma stratégie est simple.
Je lis tous les bons livres dans le magasin et les repose dans les rayons une fois terminés pour que d'autres en profitent après moi.
J'achète tous les mauvais afin que personne ne tombe dessus.
C'est un service que je rends à tout le monde.

vendredi 8 avril 2016

134

Cet architecte mégalomane rêve d'une ville creusée dans le sol avec un toit rétractable en guise de ciel. Une fois la ville finie, il se placerait à la surface, son petit boîtier en main, ouvrant ou fermant le toit selon ses envies, contrôlant ainsi le nombre d'arrivées d'étrangers et de touristes, le temps d'ensoleillement, les précipitations; au plafond, il dessinerait de nouvelles constellations. Tous les dimanches il s'adresserait directement à la population qui ne douterait pas de sa toute-puissance.

jeudi 7 avril 2016

133

La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire La Terre est ronde et la pensée circulaire

mercredi 6 avril 2016

132

dans la zone de vérité
étouffé par l'adversaire
la tête venue mourir sur un poteau

armer un boulet de canon
torpiller la cage adverse
fauché par le défenseur
s'est fait arraché la jambe
Magnifique coup coupé

(poésie du commentateur sportif)

mardi 5 avril 2016

131

***

toujours aucune nouvelle de ce personnage lancé par hasard sur la blancheur de la feuille de papier par une phrase interminable, avortée d'ailleurs, et qui secoue ses vêtements pour se défaire de ce qu'il croit être de la neige, mais il n'y a pas de neige sur le papier, le blanc est celui de la page, mais cela, la différence entre neige et papier, le personnage ne peut pas la saisir car il n'a ni cerveau ni conscience ni rien qui puissent l'aider à comprendre où il est maintenant - là en l'occurrence - et qu'il ne sert à rien de se débattre car rien ni personne ne pourra rien pour lui, un point l'achèverait complètement, lui ferait voir les étoiles mais nous ne voulons pas l'achever, nous voulons l'envoyer loin, bien loin et voir jusqu'où il peut aller

*** 

dimanche 3 avril 2016

130

Avec toutes ces personnes chauves, je me demande comment le sol peut être encore si rugueux.

vendredi 1 avril 2016

129

Le 1er avril, il fut annoncé que cette année n'était pas bissextile, contrairement à ce qu'on avait pu croire un mois plus tôt; par conséquent nous n'étions plus le 1er mais le 2 avril, déjà. Quelle pagaille ce jour-là!

jeudi 31 mars 2016

128

Le professeur O. avait une conception particulière de la dissertation. On se souvient de la donnée qu'il distribua à ses élèves pour leur examen final:

Qui de la poule ou de l'oeuf est arrivé en premier?

Marche à suivre et conseils pour la rédaction: 
- Contextualisation et explicitation de l'énoncé;
- Il y a comme un paradoxe dans cet énoncé, vous pouvez vous en servir comme tremplin à votre réflexion;
- Se positionner clairement par rapport à l'énoncé;
- À l'aide d'exemples, vous élargirez votre propos: y aurait-il un lien à faire avec Dieu et l'Homme? Lequel des deux serait le premier? Rassemblez tout votre savoir, pensez à l'analogie possible entre l'expansion infinie de l'Univers et le cerveau humain pouvant concevoir l'infini;
- En conclusion, n'hésitez pas à proposer une cosmogonie nouvelle ou à revenir à l'énoncé de base.

Bon travail!

mercredi 30 mars 2016

127

L'expression "c'est le serpent qui se mord la queue", qui d'ailleurs est trop longue, peut être remplacée par la lettre O, tout simplement. C'est plus économique et l'image bien plus forte.