Nous sommes le 31 janvier, et il semble qu'aucun texte n'ait été publié hier 30 janvier. Je ne me cherche pas d'excuse, mais pour être tout à fait franc, la journée d'hier manquait d'heures. Y a-t-il phénomène plus têtu que le temps qui s'obstine, qui continue de couler tout en sachant que personne ne pourra le retenir?
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dimanche 31 janvier 2016
vendredi 29 janvier 2016
jeudi 28 janvier 2016
mercredi 27 janvier 2016
mardi 26 janvier 2016
70
Elle utilisait Google street view comme un miroir pour se réajuster les cheveux. Elle verrait le résultat une fois les photos en ligne.
lundi 25 janvier 2016
69
Paradoxalement, le tennis mourra au moment même où il atteindra sa perfection, c'est-à-dire lors d'un match où les deux joueurs, ne pouvant se départager, bataillant des semaines durant, retarderont les autres rencontres, les autres tournois et paralyseront le calendrier. On attendra indéfiniment une balle de match, qui de toute manière n'aurait jamais de conclusion.
dimanche 24 janvier 2016
samedi 23 janvier 2016
67
Tout de même, c'est avoir une inébranlable et sacrée foi en l'avenir que d'éteindre chaque soir, sans crainte, sa lumière en n'ayant aucun doute que s'y substituera celle du soleil.
*
Quant à moi, je dors systématiquement la lumière allumée. Comment faire confiance à un astre qui a droit de vie et de mort sur l'Humanité entière et dont on sait déjà qu'il causera notre perte?
vendredi 22 janvier 2016
66
La journaliste: Au fond, celle qui se cache derrière ce personnage, c'est vous, n'est-ce pas?
L'écrivaine: Pas du tout. Question ridicule.
La journaliste: Mais il s'y dissimule une part de vous-même, vous ne pouvez le nier. Tous les écrivains se retrouvent dans leurs personnages.
L'écrivaine: Bon, si vous voulez. Je m'y retrouve au même titre qu'un archéologue se retrouve en époussetant des ossements avec son pinceau; au même titre qu'Howard Carter s'est retrouvé en découvrant le masque de Toutânkhamon.
jeudi 21 janvier 2016
65
Condition de l'homme moderne: Travailler dès le premier jour des vacances afin de prendre de l'avance et ainsi disposer de temps libre lors de la reprise.
mercredi 20 janvier 2016
64
Ingénument, il se lance dans la restauration et ouvre son propre bistrot, Le Napoléon, spécialisé dans le steak chateaubriand.
mardi 19 janvier 2016
63 - soigner la littérature (2)
Ils arrivèrent avec l'ambulance au milieu des pages; lavage d'estomac pour Emma ("Elle existait de nouveau"), lavage d'estomac pour Phèdre (Panope termina son alexandrin avorté "Elle respire, Seigneur."), soutien psychologique pour la présidente de Tourvel pendant qu'on désinfectait la plaie de Valmont. Il fallut revoir l'histoire littéraire dans son ensemble. On sauva le fils de Frédéric Moreau quoiqu'on savait d'avance qu'il aurait un père irresponsable. Fait inexplicable, Sherlock Holmes revint à la vie par ses propres moyens.
lundi 18 janvier 2016
62
Un groupe de médecins, passionnés de littérature, entreprit de récrire tous les livres où meurent des personnages que les moyens médicaux d'aujourd'hui permettraient de sauver.
dimanche 17 janvier 2016
61
Pour lutter contre le réchauffement climatique, Gérard Dèmos eut sa petite idée: une nouvelle monnaie: la neige.
samedi 16 janvier 2016
vendredi 15 janvier 2016
59
Aujourd'hui, examen. L'étiquette de mon Tipp-ex indique 5 mètres de bande blanche. 5 mètres d'erreur. 5 mètres de seconde chance. Je me sens privilégié.
jeudi 14 janvier 2016
mercredi 13 janvier 2016
57
On se souvenait d'un joueur fair-play, proche du public, se prêtant au jeu des autographes, des selfies. A la fin de chaque match, il lançait dans le public son bandeau, ses serre-poignets. Notre fils Liam avait même récupéré une raquette qu'il avait jetée de joie dans les gradins.
Nous l'avons vu arriver chez nous hier soir, la mine sinistre. Il avait entrepris des recherches pour retrouver Liam qui, le voyant pousser le portail du jardin, s'est précipité vers lui, a demandé un autographe, un selfie, à échanger quelques balles.
Rien.
Lui ne voulait qu'une chose: récupérer sa raquette.
mardi 12 janvier 2016
56
Il intéressait les artistes. Un peintre le peignit la raquette brandie au-dessus de sa tête, prêt à la rompre, rugissant. Un photographe immortalisait le tas de raquettes qui grandissait de jour en jour au fond du jardin, comme un amas d'ossements. Un chanteur enregistra le bruit du choc qu'il mettrait sur son prochain album. Son biographe préparait un tome II Raquette en main.
Quelques fans longeaient la haie. Ils réclamaient des raquettes pour leurs enfants, plutôt que de les casser... Il les regardait, fronçait les sourcils, ne répondait pas, et, sous leurs yeux nostalgiques de l'époque où il était un exemple pour la jeunesse, il assénait le coup fatal; le cadre volait en éclats, quelques cordes voltigeaient en l'air, les parents récupéraient les restes, il leur balançait le manche.
lundi 11 janvier 2016
55
Ses voisins entendirent du bruit, celui des raquettes brisées méthodiquement sur un billot. D'abord, ils trouvèrent cela excessivement misérable, triste même, tentèrent de l'aider, son palmarès avait été excellent. Et puis ils lui rendirent visite chaque jour, caméra enclenchée, filmant chaque destruction de ce qui avait été son outil de travail. Le tennisman s'ouvrit, il se confiait, racontait l'histoire de la raquette à anéantir. On postait quotidiennement une vidéo sur Youtube, sur Facebook. De nouvelles propositions de la part de sponsors arrivèrent. Pour lui, une nouvelle carrière débutait.
dimanche 10 janvier 2016
54
Arrivé à trente-neuf ans au terme de sa carrière, déçu de ne pas avoir gagné plus en Grand Chelem, frustré d'avoir passé sa vie à frapper dans une balle, regrettant sa jeunesse, stupidement sacrifiée pour une balle stupidement jaune, voulant rompre avec tout ce qui lui rappelait le tennis, il décida de briser chaque jour une raquette; il en avait plus de deux-cents. Il lui fallut presque une année, sans compter celles que son ancien sponsor continuait de lui offrir tous les six mois.
Décidément, il n'arrêterait jamais.
samedi 9 janvier 2016
53
Scène vide, personnages creux, intrigue nulle; le spectacle atteignait un tel niveau de vacuité que, assis au premier rang, n'y tenant plus, pour remplir l'heure et demi restante, il décida de se vider la tête, littéralement.
vendredi 8 janvier 2016
52
Toute sa vie, elle avait attendu ce jour où elle partirait sur Mars. Puis, pendant le trajet qui dura environ 200 jours, elle n'avait rien fait d'autre qu'attendre avec impatience le jour où elle poserait le pied sur Mars.
- Qu'attendait-elle, au juste, de sa vie sur Mars?
Son mari ne le savait pas; ses yeux étaient pleins de larmes.
jeudi 7 janvier 2016
51
C'est bien simple, les hommes l'attendaient dans vingt minutes à l'entrepôt, avec les quinze-mille francs exigés pour libérer sa femme et sa fille. Il venait de jouer ses cinq-cents derniers sur le dix-sept. Rien ne va plus. La bille tournait. Dans tous les cas, il n'y avait rien de grave.
*
Il arriva à l'entrepôt, il portait une mallette. Les hommes, encagoulés, mitraillettes à la main, la femme et la fille bâillonnées, attachées à un poteau, le regardaient approcher. Il avait l'argent? Il ne répondait rien. Il déposa la mallette sur la table qu'on lui désignait. Il était physicien et croyait aux univers parallèles. À cet instant précis, la mallette était aussi bien pleine que vide.
mercredi 6 janvier 2016
50
Dans sa jeunesse, il était devenu roi en croquant dans une fève.
Aujourd'hui, chaque matin, un peu superstitieux ou cherchant à légitimer son siège à la tête de l'État, Gérard Dèmos place une fève dans son pain de mie.
mardi 5 janvier 2016
49
"Répéter l'alarme" "Ne pas s'appuyer contre la porte" "Briser la vitre en cas d'incendie" "Mendicité interdite" "Sonnez avant d'entrer" "Ne pas donner de pain aux canards" "Consommation obligatoire" "À notre aimable clientèle, nous ne faisons pas crédit" "Payer, c'est respecter" "Rupture de stock" "En panne" "Hors-service" "Retard environ 16 minutes" "Train supprimé" "Ne pas traverser les voies" "Ne pas s'approcher des fils, danger de mort"
*
Il passait une mauvaise journée. C'était écrit.
lundi 4 janvier 2016
48
Arrivés sur Terre, les extraterrestres perdirent leurs illusions. Ce qu'ils avaient pris pour des soleils, des galaxies, des constellations et des étoiles filantes n'étaient en réalité que des immeubles et des places illuminés, des phares à brouillard et des feux de circulation, des réverbères posés le long des autoroutes, des vitrines de magasins, des néons de call center, des enseignes de grandes banques.
dimanche 3 janvier 2016
47
Je ne veux plus aller au théâtre, dit le ministre de la culture à Gérard Dèmos. La dernière pièce que j'ai vue m'a traumatisé, je crois que je ne comprends rien au théâtre contemporain. La pièce s'appelait Partie de bowling. Le premier acte, intéressant; quatre amis s'apprêtent à commencer une partie de bowling, ils éprouvent les plus grandes peines à trouver les bonnes chaussures, ils rient les uns des autres de leur allure, des tensions se créent au sein du groupe. Je m'attendais à une pièce contemporaine mais avec des ressorts classiques comme on en fait rarement aujourd'hui. Evidemment, je me trompais. Ce que j'ai vu, Gérard, est indigne. Doit-on encore financer cela? Au deuxième acte... Je n'y avais pas pensé en voyant le décor, c'était pourtant flagrant. S'il y avait quatre personnages qui voulaient jouer au bowling, il fallait nécessairement des quilles. Nous étions les quilles, Gérard, nous, le public. Pendant deux heures, les personnages se disputaient et riaient, et lançaient négligemment les boules sur le public. Les gens peu à peu sortaient la salle. A mon tour, je me suis levé de mon siège, je suis allé chercher mon manteau. Nous étions quelques uns au bar à boire un verre de vin - je devais rester jusqu'à la fin de la pièce pour féliciter le metteur en scène d'employer l'argent public avec tant d'imagination. Quand la dernière personne a quitté la salle et qu'il est arrivé au bar, elle avait des bleus partout, on a entendu les quatre personnages crier spare!
samedi 2 janvier 2016
46
Et donc, cet écrivain, R. Neir, paradoxalement, récrit ces phrases qu'il vient tout juste d'effacer.
vendredi 1 janvier 2016
45
Il avait perdu un pari. Au 1er janvier 2007, il devait vivre une semaine selon le calendrier de l'année suivante. Il s'est pris au jeu à tel point qu'aujourd'hui encore il vit avec une année d'avance. Sa montre, son agenda, sa télévision, tout est réglé à l'an qui suit celui que nous vivons. Impossible de revenir en arrière, cela causerait trop de bouleversement dans son quotidien. Qu'on se rassure nous dit-il depuis là où il vit, les jours s'écoulent effectivement selon les prévisions du calendrier.
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