vendredi 28 juillet 2017

400

J'ai oublié quelque chose, s'exclame Tristan Blanc. Ces nouveaux oiseaux auront besoin d'endroits où se poser, où chanter, des coins agréables où ils pourront pondre. Comme leurs ancêtres, ils voudront fabriquer leurs nids en haut des arbres. Mais les arbres manquent.
Inventons des arbres.

jeudi 27 juillet 2017

399

Tristan Blanc sent qu'il arrive au bout de quelque chose. Il savoure son nouveau ciel, toutes ces nouvelles ailes déployées; et de tous ces nouveaux oiseaux, il apprécie le chant. Il ouvre une dernière fois son carnet pour s'assurer qu'il n'a rien oublié. Il y aurait tant d'oiseaux encore à inventer. Mais Tristan Blanc a le souci de l'équilibre, et il craint de tout foutre en l'air s'il continue infiniment d'ajouter des oiseaux à la nature.
Alors il arrête. Il pose sa plume Pelikan, et nettoie méticuleusement son bec.

mercredi 26 juillet 2017

398

Tristan Blanc ajoute une poche à la cigogne qui devient gigogne. Plus pratique pour porter les petits.

mardi 25 juillet 2017

397

C'est bien simple d'inventer un oiseau. Il suffit d'avoir à l'esprit tous ceux qui existent, afin d'éviter les doublons, et d'en imaginer un autre. Mais encore faut-il tomber sur le bon, prévient Tristan Blanc, car ils sont rares les oiseaux qui n'existent pas.

lundi 24 juillet 2017

396

Je ne sais quel sort réserver aux personnages secondaires de mon autobiographie. Les faire disparaître pour de bon? Les laisser en marge? Ou au contraire les ramener au premier plan du récit afin de mieux coller à la réalité, quitte à rendre mon intrigue ennuyeuse?

vendredi 21 juillet 2017

395

À la cédille du hameçon
se tortille un ver
que viendra mordre le poisson

vendredi 14 juillet 2017

394

- Je joue au tennis, j'aime la course à pied, il m'arrive de faire une partie de squash, de badminton, j'adore la marche en montagne, je nage comme un poisson (c'est d'ailleurs mon signe astrologique)
- Oui, mais dans la vie, qu'est-ce que vous faites?
Alors je hausse les épaules et je lui réponds que je hausse les épaules.


jeudi 13 juillet 2017

393

Arf, inventer des oiseaux, oui, c'est joli, c'est mignon, mais au fond pour quoi faire? s'interrogeait Tristan Blanc. Il était prêt à abandonner son projet, et puis il apprit en lisant le journal que la sixième extinction de masse s'intensifiait.
Il reprit ses esprits, il avait du travail, il devait poursuivre sa mission: l'exopistre, l'invuigo et l'hydrorelle attendaient sur lui pour s'envoler.

mercredi 12 juillet 2017

392

- Mais tous ces oiseaux que vous avez inventés, dit un lecteur à Tristan Blanc, ils n'existent pas!
- Eh bien, cher monsieur, vous n'avez qu'à écrire un livre qui prouverait leur inexistence. Si vous vous lancez dans une telle entreprise, on risque de vous prendre pour un fou.

mardi 11 juillet 2017

391

Confortablement installé dans sa chaise longue, sommeillant sous un soleil doux de fin d'après-midi, Tristan Blanc ne voit pas l'isotroyille qui volette d'une branche à l'autre du grand figuier. Dommage, car c'est justement un des oiseaux qu'il avait inventés dans son récit de voyage et qu'il s'était promis de retrouver un jour.
Quand il voudra cueillir une figue et n'en trouvera aucune, peut-être se rendra-t-il compte qu'un isotroyille est passé par là.

lundi 10 juillet 2017

390

On a tous des secrets qu'on révèle de façon détournée, bien des années plus tard. Il a grandi sur herbe, disent les commentateurs sportifs du monde entier à mon sujet.
Mon père tenait à sa pelouse plus qu'à toute chose. Vaste, verte, rase, régulière. Impossible d'y jouer sous peine d'être puni. Il pensait résoudre le problème en m'inscrivant dans un club de tennis. Aujourd'hui, je m'apprête à entrer sur le Centre court de Wimbledon, le plus grand tournoi sur gazon, pour jouer mon huitième de finale. Je l'imagine allumer la télévision et découvrir avec stupeur la vitesse à laquelle son fils se déplace, sans jamais glisser. Comme si je m'étais entraîné toute mon enfance sur cette surface.

samedi 8 juillet 2017

389

Un chêne, un hêtre, un frêne ou un châtaignier, je ne sais plus à quel arbre de la forêt j'ai suspendu mon chapeau.