D'ailleurs, toujours en ce qui concerne mon autobiographie (provisoirement intitulée Autobiographie en couleur), je peinai à choisir entre une encre bleue, rouge ou noire. J'avais d'abord pensé écrire en rouge les moments difficiles de mon existence, en noir les moments ordinaires et en bleu tout ce qui m'avait été agréable. Rapidement, m'apparurent les limites d'un tel procédé: je racontai en rouge le jour où un employeur m'annonça qu'il avait choisi un autre candidat plus qualifié. Après réflexion, je me dis que cet autre candidat, s'il tombait sur mon livre, aurait pu se sentir offensé de lire en rouge ce qu'il aurait certainement voulu lire en bleu. Je récrivis donc en bleu les passages en rouge. Et je renversai mon système de couleurs ne sachant plus très bien aujourd'hui quelle tranche de ma vie fut malheureuse, quels furent mes moments de joie. Maints instants banals se mirent à briller. Et tout ce qui était resté en blanc, entre les lignes, tout ce que je n'avais pas écrit car pas vécu, tient sur la page, se mariant parfaitement avec le reste.
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