J'ai quand même quitté l'Irlande.
A bord, déjà un peu ivre, j'ai immédiatement commandé quelques unes de ces petites bouteilles de 4cl de Jameson pour me guérir du trajet en avion; j'ai liquidé mes dernières pièces (le jeu de mots ne fonctionne pas dans mon anglais mais l'hôtesse a souri); j'ai peur de l'avion; je préfère l'ivresse à l'angoisse; les heures en avion sont les seules heures que je refuse de vivre
si bien qu'en me réveillant, j'étais incapable de dire si l'on arrivait à Genève ou si l'on quittait Dublin; la verdure, l'altitude, les maisons, la piste... le monde était le même qu'avant mon sommeil. Il a fallu que le couple à côté se dispute à propos du nom de la commune que nous étions en train de survoler pour comprendre que l'atterrissage était imminent et l'Irlande bien loin déjà.